Transparence des salaires 2026 : ce qu'il faut retenir

Découvrez la directive européenne sur la transparence des salaires 2026 : obligations, impact concret et solutions.

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10 minutes
21/11/2025
Auteur :
Julien
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Transparence des salaires 2026 : ce qu'il faut retenir

Directive européenne sur la transparence des salaires

La directive européenne 2023/970 du 10 mai 2023 marque un tournant majeur dans la lutte contre les inégalités salariales. Voici tout ce qu'il faut savoir sur ces nouvelles obligations qui transformeront les pratiques des entreprises.

Découvrir le texte officiel sur la directive européenne

Pourquoi cette directive sur la transparence salariale ?

Malgré les législations existantes, l'écart salarial entre femmes et hommes persiste en Europe : 13 % en 2020. A temps et emploi équivalent, l’écart s’élève à 3,8% en France, selon l’Insee.

Le principal obstacle ? Le manque de transparence des salaires. Sans visibilité sur les rémunérations, les discriminations passent inaperçues et les concerné(e)s ne peuvent faire valoir correctement leurs droits. Cette directive apporte plusieurs mesures auxquelles les entreprises doivent répondre pour rendre les salaires transparents et garantir l'égalité pour un même travail ou un travail de même valeur.

Les principes fondamentaux à retenir

Qu'entend-on par "rémunération" ?

La directive européenne couvre l'ensemble des éléments : salaire de base, primes, avantages en nature, composantes variables. Tout ce que l'employeur verse au travailleur en raison de son emploi est concerné.

Qu'est-ce qu'un "travail de même valeur" ?

C'est la notion clé. Deux emplois différents peuvent avoir la même valeur s'ils sont comparables selon quatre critères objectifs non sexistes :

  • Les compétences requises
  • Les efforts fournis
  • Les responsabilités assumées
  • Les conditions de travail

Ces critères doivent être appliqués sans biais sexistes, notamment en ne sous-évaluant pas les compétences non techniques souvent associées aux emplois féminins.

Transparence avant l'embauche : les nouvelles règles

Pour les candidats

Les candidats ont désormais le droit de connaître avant l'entretien :

  • La rémunération initiale ou sa fourchette
  • Les dispositions de convention collective applicables

Ces informations peuvent figurer dans l'offre d'emploi ou être communiquées avant l'entretien. L'objectif : permettre aux candidats une négociation éclairée.

Ce qui est interdit aux employeurs

Les recruteurs ne peuvent plus demander aux candidats leurs historiques de rémunération. Cette interdiction vise à éviter que les inégalités passées ne se perpétuent au sein de la nouvelle entreprise.

Transparence des salaires en interne : informer les salariés

Critères de rémunération accessibles

Les entreprises devront mettre à disposition de tous leurs salariés :

  • Les critères utilisés pour déterminer les rémunérations
  • Les critères de progression de la rémunération
  • Ces informations doivent être objectives et non sexistes

Allègement pour les TPE/PME : les entreprises de moins de 50 salariés peuvent être exemptées de l'obligation concernant les critères de progression de la rémunération.

Droit d'accès à l'information

Tout salarié peut demander et obtenir sous 2 mois :

  • Son niveau de rémunération individuel
  • Les niveaux moyens de rémunération ventilés par sexe pour sa catégorie de travailleurs

Les salariés peuvent exercer ce droit directement, via leurs représentants ou par l'organisme pour l'égalité de traitement. Vous devez les informer annuellement de ce droit.

Reporting obligatoire : qui est concerné ?

Le calendrier varie selon la taille de votre entreprise :

Entreprises de 250 salariés et plus

  • Première échéance : 7 juin 2027
  • Fréquence : annuelle

Entreprises de 150 à 249 salariés

  • Première échéance : 7 juin 2027
  • Fréquence : tous les 3 ans

Entreprises de 100 à 149 salariés

  • Première échéance : 7 juin 2031
  • Fréquence : tous les 3 ans

Que doivent communiquer les entreprises ?

Sept indicateurs sont obligatoires pour une plus grande transparence salariale :

  1. L'écart de rémunération global entre femmes et hommes
  2. L'écart sur les composantes variables
  3. L'écart de rémunération médian
  4. L'écart médian sur les variables
  5. La proportion de femmes/hommes recevant des variables
  6. La répartition femmes/hommes par quartile de rémunération
  7. L'écart par catégorie de travailleurs (à communiquer aux salariés et représentants)

Les six premiers indicateurs sont rendus publics. Le septième est communiqué en interne et aux autorités sur demande.

L'évaluation conjointe des rémunérations

Quand est-elle obligatoire ?

Si le reporting révèle un écart d'au moins 5 % dans une catégorie de travailleurs que l’entreprise ne peut justifier par des critères objectifs, et qui n’a pas été remédié sous 6 mois, elle doit réaliser une évaluation conjointe avec les représentants du personnel.

Que contient cette évaluation ?

Elle doit analyser :

  • La répartition femmes/hommes par catégorie
  • Les niveaux moyens de rémunération par catégorie et par sexe
  • Les écarts constatés et leurs raisons objectives
  • Les augmentations post-congés (maternité, parental, aidant)
  • Les mesures correctives à mettre en œuvre

Cette évaluation doit être transmise à l'organisme de suivi et disponible pour inspection.

Structures de rémunération : l'exigence de neutralité

Les entreprises doivent disposer de structures garantissant l'égalité salariale. Des outils et méthodes d'évaluation non sexistes doivent être accessibles pour comparer objectivement la valeur des emplois.

L'objectif : détecter et éliminer les biais, notamment la sous-évaluation traditionnelle des emplois féminisés.

Nouveaux droits d'action en justice

Renversement de la charge de la preuve

Si un salarié établit des faits laissant présumer une discrimination, c'est à l'employeur de prouver qu'il n'y a pas eu discrimination. Ce renversement est automatique si vous n'avez pas respecté vos obligations de transparence.

Nouveaux moyens de preuve

Les salariés peuvent désormais utiliser :

  • Une personne de référence hypothétique (pas besoin de comparateur réel du sexe opposé)
  • Des statistiques
  • Des données agrégées

Actions collectives facilitées

Les syndicats, organismes d'égalité et associations peuvent agir au nom de plusieurs salariés simultanément, renforçant l'impact des recours.

Délais et frais de justice

  • Délai de prescription : minimum 3 ans (ne court qu'à partir de la connaissance de la violation)
  • Protection des frais : si une entreprise perd un procès mais avait des motifs raisonnables d'agir, elle pourraint ne pas payer les frais

Sanctions et protection

Sanctions en cas de non-respect

Les États membres doivent prévoir des sanctions effectives, proportionnées et dissuasives, incluant des amendes. Des sanctions spécifiques s'appliquent en cas de violations répétées, pouvant aller jusqu'à l'exclusion des marchés publics.

Protection contre les représailles

Les salariés qui exercent leurs droits ou soutiennent un collègue sont protégés contre tout traitement défavorable ou licenciement.

Calendrier de mise en œuvre

  • 7 juin 2026 : date limite de transposition dans le droit national
  • 7 juin 2027 : première communication de données pour les entreprises de 150+ salariés
  • 7 juin 2031 : première communication pour les entreprises de 100-149 salariés et premier bilan de la Commission européenne

Comment vous préparer ?

  1. Auditer les structures de rémunération pour identifier les éventuels biais sexistes
  2. Mettre en place des outils d'évaluation objective des emplois
  3. Préparer les processus de reporting et systèmes d'information
  4. Former les équipes, notamment RH, aux notions de travail de même valeur et de critères non sexistes
  5. Informer les salariés de leurs nouveaux droits
  6. Nettoyer les offres d'emploi pour garantir une formulation non sexiste
  7. Établisser un dialogue social avec les représentants du personnel

4 fonctionnalités pour répondre à la transparence des salaires

Répondre à la transparence des salaires

En résumé

Cette directive européenne impose une transparence des salaires sans précédent. Au-delà de l'obligation légale, c'est l'occasion de moderniser les pratiques RH, de renforcer l'équité interne et d'améliorer la marque employeur. La transparence salariale n'est plus une option : c'est désormais un impératif légal et un levier de performance sociale.

Les équipes RH ont un rôle central à jouer dans cette transformation. En anticipant ces changements, elles contribuent à bâtir des organisations plus justes et plus attractives pour tous les talents.

Découvrir le texte officiel du Ministère de l'économie et des finances sur la directive européenne

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